Réplique au Débat Général sur le Budget 2025

Monsieur le Président, chers collègues, Le débat que nous avons mené aujourd’hui n’a rien eu d’une discussion budgétaire classique. Ce fut un débat de fond sur le cadre budgétaire pluriannuel et sur l’agenda de réformes majeures contenu dans l’accord de gouvernement. Un débat ouvert, sur des mesures concrètes qui se mettent en place pas à pas. Un débat lucide, avec une perspective de long terme. Que ce débat ne soit pas aisé dans un contexte en évolution rapide, sur le plan économique comme géopolitique, nul ne l’ignore. Mais il est absolument essentiel. Car ce dont nous discutons ici, c’est d’une stratégie budgétaire intégrée, tournée vers l’avenir, avec pour objectif ultime la protection et le renforcement de notre État-providence à moyen terme. Ce budget reconnaît une chose fondamentale : nous ne pouvons plus détourner les yeux des défis budgétaires aigus. Ce n’est plus soutenable. Mais il reconnaît aussi que relever ces défis complexes exige des choix difficiles, collectifs, et responsables. Aujourd’hui, nous devons faire ce que nous avons trop longtemps reporté : prendre des décisions qui porteront leurs fruits à moyen terme. Des décisions dont les résultats ne seront pleinement visibles qu’au-delà de cette législature. Celui qui observe ce budget de 2025 sans en percevoir le but final pourrait perdre courage. Mais cela ne doit pas arriver. Le déficit reste trop élevé en 2025, personne ne le nie. Et les projections pluriannuelles ne reflètent pas encore ce que chacun ici aimerait déjà constater. Pourtant, le gouvernement choisit résolument la voie difficile mais nécessaire : celle des réformes soutenues, qui visent à protéger et à renforcer notre modèle social dans un contexte de grande instabilité internationale, de coûts croissants liés au vieillissement, de tensions sur le marché de l’emploi et de hausse durable des taux d’intérêt. Ce budget regarde au-delà du court terme. Il annonce le début d’un changement de cap fondamental, qui commencera à produire ses effets à partir de 2026, avec un impact cumulatif croissant à l’horizon 2030 et au-delà. Le Bureau fédéral du Plan et la Banque nationale le confirment : nous devons persévérer sur la voie des réformes structurelles. Ceux qui optent aujourd’hui pour l’immobilisme ou la division hypothèquent les solutions nécessaires et mettent notre prospérité future en danger. Dans le même temps, le Bureau du Plan est clair : ce gouvernement maîtrise la croissance des dépenses publiques et la pression fiscale. Ce n’est pas un détail, c’est une rupture inédite dans notre pays. Les dépenses primaires et la pression fiscale diminuent en proportion du PIB — une inversion de tendance claire par rapport au passé. Ce ne sont pas des hasards, mais les premiers résultats d’une politique assumée. Le déficit primaire diminue en 2026 et 2027 : signe que nos réformes commencent à porter leurs fruits. Mais vous ne me verrez pas triompher. Nos charges d’intérêts doivent être contenues. Et le fait qu’avec une pression élevée sur les classes moyennes actives, nous constations encore un manque à gagner du côté des recettes doit nous interpeller. Nous faisons face à cette réalité. Nous choisissons la réforme, pas les demi-mesures. Et soyons clairs : penser que le problème peut être résolu au niveau fédéral seul, c’est se tromper. Les entités fédérées devront également assumer leur part. Le rétablissement de nos finances et la protection de notre modèle social sont une responsabilité commune pour l’ensemble du pays. C’est pourquoi je répète mon appel : moins de drame, plus de détermination. Les chiffres et les rapports ne doivent pas nous paralyser. Ils doivent nous pousser à agir. Et c’est ce que ce gouvernement entend faire. Car l’État fédéral intervient directement sur les moteurs de croissance des dépenses fédérales. C’est loin d’être une évidence. Cela exige du courage politique. Un courage que nous devons continuer à démontrer. Les réformes que ce budget consolide — dans les pensions, le marché du travail et la fiscalité — sont pensées avec une vision à moyen terme. Elles sont motivées par la conviction qu’en l’absence de telles mesures, les fondements mêmes de notre solidarité risquent de s’effriter. La réforme des pensions vise à augmenter le taux d’emploi des travailleurs âgés, à réduire les régimes dérogatoires et à prévoir des mécanismes de transition nécessaires. Sur le marché du travail, nous agissons non pas à la marge, mais au cœur du système : la durée d’accès aux allocations est limitée, l’inactivité est activement ciblée, et le travail est davantage récompensé. La vision d’ensemble est limpide. Ce budget n’est pas un catalogue de mesures isolées, mais un ensemble cohérent, dont les effets se renforcent mutuellement. Et c’est exactement ce que nos partenaires internationaux examinent. Lorsque Fitch a abaissé notre note, c’est parce que l’agence reste sceptique quant à la capacité traditionnelle de la Belgique à mettre en œuvre ses réformes. Pendant que certains ici en doutent encore, mes homologues européens eux, saluent nos plans. Pas avec surprise, mais avec reconnaissance. Cette baisse de notation n’est pas un rejet de notre politique, mais un signal en faveur d’une persévérance dans l’effort. Fitch reconnaît clairement que les réformes engagées sont crédibles et prometteuses, à condition qu’elles soient pleinement exécutées. L’accord de gouvernement contient des mesures structurelles qui n’ont rien à envier aux ambitions du Plan global d’il y a trente ans. Et pourquoi parle-t-on encore de ce plan aujourd’hui ? Parce qu’il a été appliqué avec rigueur et méthode. C’est exactement ce que nous devons faire aujourd’hui : poursuivre, sans relâche, la voie des réformes structurelles. Les défis que nous affrontons exigent de la continuité au-delà d’une seule législature. Car juger cette trajectoire uniquement sur les résultats de l’année prochaine, c’est passer à côté de l’essentiel. Cette politique vise à remettre notre pays sur une trajectoire où l’investissement reste possible, où la protection sociale demeure soutenable, et où la croissance économique est alimentée par l’activation et une fiscalité plus juste. Pas par des coupes aveugles et brutales, mais par des réformes profondes, appuyées par une majorité sociale. Chers collègues, La mission de ce gouvernement a toujours été claire : faire mieux que par le passé. Chaque parti, chaque ministre, et le Premier lui-même, savent ce que l’on attend d’eux. Nous devons remettre le train sur les rails. Assurer à moyen terme la soutenabilité de notre budget. Ce gouvernement fait preuve d’ambition. La situation est trop grave pour que nous ne prenions pas notre responsabilité au sérieux. Il ne s’agit ni de symboles ni de fiertés politiques, mais de la sauvegarde de notre prospérité à long terme. Au-delà du prochain sondage, au-delà même des prochaines élections. Pour nos enfants et nos petits-enfants. Il est temps de mettre en œuvre ce qui est prêt. Il est temps de relever la tête. Je vous remercie.
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